viernes, 7 de marzo de 2014

La poesía de Rimbaud

un acercamiento bilingüe a la literatura realista.

Ma bohème
 
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J'allais sous le ciel, Muse, et j'étais ton féal ;
Oh! là là! que d'amours splendides j'ai rêvées !
Mon unique culotte avait un large trou.
Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !
Arthur Rimbaud






Annonce des axes

1/ Images du voyage
2/ Le voyage, inséparable de la poésie
3/ Les raisons de ce rapprochement voyage-poésie


Etude

1/ Images du voyage

a) Le titre évoque un voyage sans itinéraire précis donc une errance selon le hasard et la fantaisie

b) L'expression du déplacement:

Elle se fait par les verbes: au vers 1"Je m'en allais" > sans précision du lieu. Le temps est l'imparfait à valeur durative. Des lieux sont cependant indiqués "sous le ciel", "mon auberge", "au bord des routes" > images traditionnelles du voyage meme si ces indications sont vagues. Mise en valeur de "sous le ciel" avec la césure.

c) vagabondage heureux et insouciant qui domine le poème avc une idée de joie puisque ce voyage n'a aucun but, aucune contrainte donc insouciance du voyageur. Il semble privilégié le voyage nocturne "Grande Ourse"; on a l'impression qu'il se fond dans la nature.


2/ Le voyage, inséparable de la poésie

a) Le voyageur est un poète

Dès le titre, nous observons "Ma Bohème"> Il est question de sa vie et individualise ce voyage. Le mot "bohème" établit un lien avec les milieux littéraires. Champ lexical de la poésie "Petit Poucet rêveur", "Muse".

b) la poésie, passe-temps du voyageur.

Champ lexical "rime" mis en valeur par l'enjambement, "rimant" participe présent donc l'action est en train de se faire. La poésie est l'activité essentielle du jeune voyageur.
Association "lyres" - "élastiques" qui représentent des cordes. "lyres", instrument qui symbolise le poète. Le voyageur est soumis à une divinité inspiratrice "j'étais ton féal". Ces images de la poésie révèlent la jeunesse du poète.

c) l'expression poétique du voyage:

Arthur Rimbaud nous montre que tout est soumis à une métamorphose; d'ailleurs il est d'abord "féal" puis "Petit Poucet" . Autodérision, autoportrait par les vêtements troués > il montre qu'il est au dessus de tout ce qui est matériel et emploie un vocabulaire trivial. Métamorphose des lieux concrets en lieux magiques. Importance du thème stellaire "Mes étoiles". Rimbaud métaphorise les étoiles comme autant de présence féminine "frou-frou".


3/ Raisons du rapprochement voyage-poésie

a) La poésie et le voyage permettent d'accéder à des mondes nouveaux

L'ailleurs "ombres fantastiques". Cela suggère aussi de nombreuses sensations "je les écoutais", "je sentais"

b) Poésie et voyage = liberté et création:

"je m'en allais" > liberté mais aussi caractère illimité et infini de ce voyage. Refus des contraintes poétiques même s'il s'agit d'un sonnet mais beaucoup de liberté par prosodie classique> ton de fantaisie. Mélange de registres lexicaux "culotte" opposé à "idéal"
Beaucoup de ruptures dans les alexandrins + enjambements, rejets. "Oh! là! là!" > amusement de Rimbaud


Conclusion

Le poème Ma Bohème révèle les orientations futures de Arthur Rimbaud.
Ce voyage initiatique est en dehors des règles de la poésie traditionnelle et préfigure l'expérience du Bateau Ivre.

 

 

Me iba, con los puños en mis bolsillos rotos...
mi chaleco también se volvía ideal,
andando, al cielo raso, ¡Musa, te era tan fiel!
¡cuántos grandes amores, ay ay ay, me he soñado!

Mi único pantalón era un enorme siete.
––Pulgarcito que sueña, desgranaba a mi paso
rimas Y mi posada era la Osa Mayor.
––Mis estrellas temblaban con un dulce frufrú.

Y yo las escuchaba, al borde del camino
cuando caen las tardes de septiembre, sintiendo
el rocío en mi frente, como un vino de vida.

Y rimando, perdido, por las sombras fantásticas,
tensaba los cordones, como si fueran liras,
de mis zapatos rotos, junto a mi corazón.

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